


David Munoz est un artiste plasticien, scientifique de formation (ENSCT) et formé aux Gobelins, l'École de l'image. Il s'appuie sur des projets de recherche scientifique liés aux impacts du réchauffement climatique et aux enjeux écologiques pour développer les formes et les narrations qui structurent ses créations visuelles.
Résolument tourné vers les questions les plus contemporaines, entre écologie et pressions anthropiques, il met en place, au travers des arts visuels et du cinéma, des narrations qui interrogent le public sur ses certitudes, en puisant dans les champs de la philosophie, de l’anthropologie ou encore de la poésie.
Les paysages, quel qu’ils soient, semblent emplis de mystères qui, si nous commençons à les démêler, nous parlent des impacts de l’activité humaine sur son environnement. C’est une image de l’Anthropocène, le choc de l’humanité sur les écosystèmes terrestre et marin, une notion que David Munoz explore dans toute son œuvre.
Dans le même temps où s’est accéléré cet impact, nous sommes éloignés de la nature. Le béton a remplacé le terreau sous les pas d’une humanité toujours plus urbanisée et peu à peu s’est éteint le lien au territoire, ou en tout cas à ce territoire-là, celui qui respire de plus en plus mal. Alors notre appréhension du monde n’a pu que changer, nos perspectives se sont inversées – peut-être – et notre rapport à l’environnement s’est fatalement appauvri. C’est ce sur quoi se penche le projet Universum, ce changement de paradigme qui à bien des égards définit notre contemporanéité.
Afin de rendre visible au public cette zone d’incertitude que constitue notre rapport au réel, David Munoz se rend sur le terrain. Accompagné d’un guide, il en arpente les reliefs, muni de son matériel en capture les images. Mais là encore je suis aveugle, car toutes les photographies qui m’entourent ne sont pas issues de ses pérégrinations.
Bien au contraire, certaines sont entièrement générées par ordinateurs, artificielles donc, et pourtant parfaitement naturelles, en un sens. Pour construire ces images – car il s’agit bien d’une construction – David Munoz utilise les procédés génératifs : morcelée, l’image est en fait créée par la prolifération d’éléments infiniment plus petits qui – assemblés – semblent former ce tout nécessaire, comme parfaitement naturel. Il y a ainsi un choc entre naturel et virtuel, entre perception et réalité, qui là encore questionne notre rapport au monde et à l’environnement.
David Munoz transpose ces questionnements dans le domaine de la sculpture, de la photographie et du cinéma, en partenariat avec des laboratoires scientifiques tels que l'ENS Paris-Saclay, l'IPSL, le CSM, l'IFREMER, ainsi qu'avec des structures comme la Fondation Tara Océan. Aux côtés de chercheurs, il étudie le mouvement des glaciers et des océans, interrogeant notre rapport intime et sensible à l’urgence environnementale. Là encore, il s'agit de mouvement, de tension et de perception du réel, des sujets qu’il explore également, depuis peu, au travers de projets cinématographiques.
Finalement, quelle que soit la forme que prennent les travaux de David Munoz, c’est toujours la même tension qui s’exprime, le même trouble face à un espace ambigu. Une zone d’incertitude qui vient interroger nos propres convictions et qui, en éprouvant nos systèmes de croyances, nous pousse au mouvement.
Enfin ! Nous sommes en vie…
Grégoire Prangé
Chargé de la coordination de la conservation au LaM